De l’expansion à l’autocéphalie : une Église dynamique


Le règne de Ménélik II (1889-1913) fut un véritable tournant dans l’histoire du pays. Le souverain établit à peu de chose près les frontières actuelles de l’Éthiopie par une politique de conquête sans précédent. L’Église éthiopienne se trouva donc dans une position d’expansion. Chaque conquête lui donna de nouvelles zones de prosélytisme. Les limites de l’influence du christianisme se trouvèrent ainsi largement augmentées, même s’il est vrai que cela ne constitua pas une grande vague de conversion des populations. Pour une large part, ceci concerna les élites qui voulaient se faire une place au sein du nouvel édifice étatique éthiopien en se convertissant à la religion du conquérant.

 

En 1926 mourut l’évêque métropolite de l’Église éthiopienne Mattéwos. Le régent de l’Éthiopie, le ras Täfäri – le futur Haylä Sellassié, qui sera sacré en 1930 – demanda au Patriarcat d’envoyer des évêques égyptiens en Éthiopie sacrer des évêques éthiopiens. Après de longues négociations, un accord fut trouvé en 1929 entre les deux parties : Qérellos, un évêque métropolite égyptien fut nommé par le Patriarcat, ce qui ne remettait pas en cause la plénitude de l’autorité de l’Église copte sur l’Église éthiopienne. Toutefois, le métropolite fut chargé de sacrer cinq évêques éthiopiens.

 

En 1948, l’empereur Haylä Sellassié obtint du Patriarcat d’Alexandrie qu’à la mort de Qérellos le nouveau métropolite soit un évêque éthiopien. Qérellos mourut en 1950 et ainsi, en 1951, au Caire, le patriarche Ysab II intronisa l’abunä Baseloys au rang de métropolite d’Éthiopie. Ayant obtenu une hiérarchie complète, Église éthiopienne put demander l’autocéphalie et y accéder en 1959.

 

La révolution de 1974 abattit le pouvoir impérial en Éthiopie. Le nouveau régime décréta la séparation de l’Église et de l’État. Partie intégrante de l’ancien régime, l’Église se vit confisquer ses grandes propriétés foncières et toutes ses ressources. Néanmoins, la période de la révolution et de la junte militaire qui suivit fut considérée par les autorités ecclésiastiques éthiopiennes comme une ère de renaissance religieuse. Pour beaucoup, l’Église représentait une alternative au pouvoir militaire, et ce malgré les compromissions de ses plus hauts dignitaires avec le régime. L’Église vit la fréquentation de ses églises et les dons personnels augmenter. La religiosité de la population traditionnellement chrétienne connut alors une recrudescence non négligeable. Depuis la chute de la junte militaire en 1991, le patriarche actuel, abunä Pawlos tente de resserrer les liens entre les autorités ecclésiastiques et les simples fidèles. En codifiant et en généralisant la participations des fidèles à la vie de leur paroisse et ainsi aux grandes orientations de l’Église, le patriarcat offre à l’institution un poids politique et religieux important dans l’Éthiopie multiconfessionnelle d’aujourd’hui.

Stéphane Ancel
Novembre 2002

http://www.clio.fr/BIBLIOTHEQUE/Le_christianisme_ethiopien.asp

 

 

 

 

 

 

 

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